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Des fleurs et des papillons

En général, le vol des papillons émerveille le public alors que la vue d’une chenille – une bestiole rampante ! – créée du dégoût ou de la frayeur. Et pourtant, pas de très beaux papillons sans chenilles.

L’existence de ces insectes est régi par un cycle biologique : lors de son apparition au printemps, un imago femelle (le papillon volant) s’accouple et pond ses œufs sur des plantes ciblées. Des œufs sortent des chenilles qui ne s’arrêtent pas de dévorer tout ce qui convient à leur régime alimentaire. Devenues bien grosses et ayant échappées à la prédation des oiseaux, elles se transforment en chrysalides qui s’enterrent dans le sol pour y passer l’hiver (diapause) pendant que les imagos meurent. Au printemps suivant, un nouvel imago déploiera ses ailes en sortant de la chrysalide.

L’été, on voit toutes sortes de papillons venir se nourrir du nectar d’une gamme variée de fleurs. Des arbustes comme le Buddleia, introduit de Chine a même été baptisé « arbre aux papillons ». Hélas aucune chenille de nos papillons indigènes ne se nourrira de cette plante. Et si les chenilles disparaissent faute de trouver les plantes qu’elles affectionnent, fini les beaux papillons. Un des plus beaux papillons de France, le grand machaon, volait dans les potagers du Val cet été 2020. Quel plaisir pour les yeux, mais aussi une espèce essentielle à sauvegarder. Les chenilles ne consomment que les feuilles de 2 plantes, pas 3 : celles de la carotte et fenouil. Les jardiniers comprendront aisément qu’il ne leur en coûte guère de laisser une petite place à la nature. Les papillons, outre leur beauté, fécondent aussi les fleurs des arbres fruitiers et participent à l’alimentation des oiseaux, des amphibiens, des reptiles et des mammifères. Dans un prochain billet, nous fournirons la liste des plantes susceptibles de nourrir les chenilles de nos papillons en voie de raréfaction qu’il est urgent de sauvegarder.

J. Chaïb