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Les matériaux

Les constructions les plus anciennes se fondent en osmose avec le cadre géologique du village. Il existait en effet des carrières, toujours bien visible sur le chemin des Champs d’où étaient extraits des moellons de craie du Turonien, bien taillés et des pierres de tout-venant servant à faire du remplissage de murs.

Du fait de la proximité de la forêt de Roumare, certaines constructions furent fondées sur l’emploi du chêne pour dresser poteaux, poutres et colombes. Les constructions en colombages firent leur réapparition à la fin du XIXe siècle avec les villas de style anglo-normand. On fit même de faux-colombages décoratifs en ciment dans le prolongement du style « rocaille ».

Depuis le XVIIème siècle, quelques constructions du Val firent appel à la brique cuite au bois, dite de « Saint-Jean », caractérisées par ses variations de teintes lui donnant un aspect très chaleureux. C’est surtout dans la seconde moitié du XXème siècle qu’on eut recours massivement à la brique industrielle, plus sombre, qui s’affirmera comme le matériau de grande diffusion de la construction « en dur ».

Avec l’emploi des matériaux de construction – craie, brique ou silex – le mortier revêt également une grande importance. Jusque vers les années 1870, le liant hydraulique des constructions est à base de sable et de chaux, tel qu’on le prépare depuis l’Antiquité. De ce fait, toutes les constructions du Val antérieures à cette époque ont été réalisées avec cette technique et beaucoup sont encore debout. La teinte jaune de ce mortier se révèle plus chaude que les mortiers en ciment gris qui ont été utilisés ensuite, réputés plus solides, mais parfois moins adhérents à la pierre. Les restaurations de murs anciens qui ont abouti à des remplacements de la chaux par le ciment conventionnel ont souvent abouti à ce que la teinte du mortier gris domine la pierre blanche donnant une impression de tristesse. Ces dernières années, quelques restaurations réussies ont privilégié l’emploi de ciment blanc ou de mortier bâtard, chaux/ciment blanc pour redonner à des murs leur lustre passé.

Dans le même esprit, une vague de modernisation des constructions traditionnelles a encouragé certains propriétaires à crépir des murs de craie ou des colombages avec des crépis de ciment diversement colorés. Comme tous les crépis censés empêcher l’eau d’infiltrer les murs, ils ont, au contraire favorisé son emprisonnement avec toutes sortes de conséquences néfastes, à l’image des colombages pourris pour avoir autrefois été recouverts de plâtre. La meilleure protection des murs et des bois reposait sur des essentages de bois ou d’ardoises

Aujourd’hui, pour rajeunir façades et pinons, un nouveau matériau fait son apparition : le lambris en PVC. Leur avantage est d’offrir rapidement une surface nette qui ne nécessite pas autant d’entretien que des lambris en bois, mais qui, à terme, posent des questions quant à leur vieillissement aux rayons ultra-violets et à l’affadissement des couleurs pouvant contraindre à leur remplacement intégral. En accompagnement d’une isolation thermique par l’extérieur ou l’habillage de murs sans cachet ou délabrés, cette technique traditionnelle dans la région – et pas seulement pour les constructions canadiennes ou scandinaves – constitue un meilleur choix que de refaire un nouvel enduit de ciment.

Les matériaux de couverture jouent également un rôle important dans l’aspect patrimonial des constructions. Une seule maison de Quenneport, l’ancien « Pichet normand » offre à voir une toiture en chaume. Cette réalisation, agréable cependant, tient plutôt du pastiche car les documents anciens montrent qu’elle était initialement couverte en tuiles normandes comme la plupart des maisons du Val-de-la-Haye. En effet, seuls les bâtiments à rez-de-chaussée unique avait recours au chaume.

A la fin du XIXème siècle, se substitue à cette petite tuile aux infinies nuances, la « tuile mécanique », plus grande et de teinte uniforme. Celle-ci commença, elle-même, à être remplacée, dès les années 1960 par d’autres tuiles industrielles en terre cuite ou en béton dont l’inconvénient est le vieillissement prématuré et la perte d’étanchéité.

La couverture en ardoises, plus légère, concerne désormais une majorité d’habitations au Val comme ailleurs laissant penser qu’il s’agit d’un matériau traditionnel ancien. En fait, ce matériau a commencé à être importé des carrières d’ardoises de Trélazé (49) vers 1850 avec l’apparition du chemin de fer. Il remplaça alors chaume et tuiles et permit parfois des modifications de charpente pour aménager des combles.

Dans une perspective patrimoniale, il est évident que la petite ardoise constitue un meilleur choix que la grande ardoise de forme losangique, que les ardoises en amiante-ciment…

Certains bâtiments du Val ont été recouverts par de la tôle ondulée galvanisée sensible à la rouille, par des revêtements en plaques de « fibrociment » dont la dégradation par les agents atmosphérique favorise la dispersion de particules d’amiante. Comme le « bac acier », il est à considérer que ces couvertures ne puissent être que provisoire, le temps de mettre hors d’eau des bâtiments qui se dégraderaient dans leur ensemble autrement.